• Il est très courant d'entendre de sévère réquisitoires à l'encontre des hommes politiques, décrits comme éloignés du peuple, et dotés d'un  solide appétit pour le pouvoir auquel ils s'accrochent. Il est très courant aussi de faire l'éloge du citoyen, que l'on encourage à faire valoir ses besoins, ses attentes et ses propositions à travers forums et rassemblements divers, pour sortir de la démocratie représentative et mettre en place la démocratie participative. C'est là un progrès de la pensée humaine qui peut permettre de dépasser, juste après le système féodal, fondé sur la royauté et la noblesse, le système de la démocratie bourgeoise formelle, fondé sur les assemblées de notables, mises en place par les élections. Mais malheureusement un grand nombre de confusions affectent souvent ces démarches citoyennes, et c'est là une chose tout à fait regrettable, au regard de l'espoir suscité.

    La première consiste à faire croire que le citoyen est, avant tout, une personne qui se refuse à tout engagement politique. Le motif, c'est que les exemples montrant que les hommes politiques ne recherchent que l'argent et le pouvoir, et qu'ils n'hésitent pas à renier leurs promesses sont fort nombreux. Il faut une analyse approfondie pour mettre en  évidence la confusion. On peut dire que celui qui réagit ainsi, n'est pas encore vraiment un citoyen, car il demeure au stade de l'individualité, qui est, chacun le sait, la sphère de l'affectivité, des besoins et des désirs. Pour devenir citoyen, il faut accéder à cette étape où on est capable de comprendre, et surtout, d'assumer ce que peut être un intérêt collectif, qui est au-dessus des frustrations, des sympathies ou des antipathies individuelles. Et pourtant, à ce niveau, le citoyen est encore dans la sphère des intérêts privés, associatifs, professionnels ou catégoriels. C'est ce que l'on appelle la société civile. Le véritable citoyen est celui qui accède à la compréhension de la notion de peuple comme souverain, à l'idée d'un intérêt supérieur exprimant ce qui est raisonnable et rationnel.  Cela implique forcément l'engagement politique, c'est cette conscience qui fait avancer la société dans le sens du progrès.

    La deuxième confusion, tout à fait dommageable, consiste à faire disparaître la signification de l'action des hommes politiques qui se sont engagés "au service du peuple et non pour se servir", selon la formule consacrée. C'est cette néfaste confusion qui fait qu'un certain nombre de personnes en arrivent à  ranger dans la catégorie des "dictateurs", aussi bien quelqu'un comme Pinochet du Chili, que Fidel Castro de Cuba ou encore Chavez du Venezuela. En Martinique aussi, certains s'évertuent à faire disparaître le sens et la portée de l’action des patriotes. Il faut néanmoins retenir qu'en définitive, partout dans le monde, les sociétés n'ont pu avancer vers plus de justice, plus d'égalité et de démocratie que par l'engagement politique révolutionnaire, avec les moyens appropriés à chaque situation. 


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