• A PROPOS DES ORIENTATIONS BUDGETAIRES DU CONSEIL REGIONAL

    A PROPOS DES ORIENTATIONS BUDGETAIRES 2012 DU CONSEIL REGIONAL
    Le débat sur les Orientations budgétaires  du Conseil régional pour l’année 2012 s’est tenu à la mi-janvier. Une nouvelle majorité étant en place depuis deux ans, il est de bon ton d‘annoncer une rupture radicale par rapport à ce qui se faisait sous la mandature précédente : « changer de modèle économique », «  pratiquer une politique de projet et non plus une politique de guichet », etc.  Où se situe la vraie rupture ?
     Dans le rapport sur les Orientations budgétaires 2012, la majorité régionale lance un défi : « la relance économique du pays ». Une remarque préliminaire : le développement économique ne dépend pas seulement du Conseil régional ; il y a l’Etat, il y a les investisseurs privés. Le Conseil régional est là pour créer un environnement propice, pour mettre en place des infrastructures modernes, mais il se doit aussi de réclamer la possibilité de disposer d‘un pouvoir réglementaire et législatif afin de protéger notre production et nos emplois. C’est cela la vraie rupture. On ne peut pas parler de relance économique et oublier que nous sommes dans un environnement concurrentiel où la petite entreprise martiniquaise ne résistera jamais si elle ne bénéficie pas de mesures de protection.
    La stratégie financière de la majorité régionale est déclinée en trois points :
    -    Non augmentation de la fiscalité indirecte.
    -    Maintien d’un niveau d’épargne suffisant.
    -    Préservation de la solvabilité financière de la collectivité.
    En soi, Il n’y a pas là de nouveautés. Toute collectivité bien gérée se doit de respecter ces trois axes. Par contre, il y a bien une rupture annoncée dans les orientations budgétaires : c’est la « rupture par l’investissement » fondée sur un recours massif à l’emprunt : 62 millions € en 2011, 70 millions en 2012, 70 millions n 2013, près de 71 millions en 2014. Au total, 273 millions €. En francs cela fait : 1 milliard 800 millions de francs !
    Voilà l’endettement qui se prépare pour les trois ans à venir, afin d’assurer une relance économique sur laquelle nous n’avons aucune maîtrise car nous ne revendiquons pas les outils réglementaires pour protéger notre production et nos emplois. La majorité actuelle au Conseil régional se révèle être de véritables dogmatiques de l’endettement alors que les patriotes avaient pris soin de désendetter la collectivité afin de rester crédibles et solvables auprès des organismes financiers.
    Mais la question de fond n’est pas celle de l’endettement. Cela fait des générations qu’on parle de développement économique, développement des entreprises, développement du tourisme, emplois pour la jeunesse. Si cela pouvait se faire par un simple changement de président à la tête du Conseil régional ou à la tête de l’Etat français, cela se saurait depuis longtemps. Les choses ne sont pas aussi simples. Depuis plus de trois cent cinquante ans que la Martinique est une terre française, pourquoi n’est-elle toujours pas développée ? La Martinique est toujours une terre à décoloniser, beaucoup de décideurs politiques dans notre pays semblent l’oublier ! Il n’y aura pas de rupture tant que notre agriculture restera orientée vers le développement d’une culture spéculative destinée au marché européen, tant que notre économie restera une économie de transferts et de demande s’appuyant sur la consommation de produits importés de France. Il y a développement seulement pour les spéculateurs et les importateurs, pas pour nos petits producteurs. Or, c‘est l’augmentation de la production qui crée l’emploi.
    Il n’y aura pas de « Martinique nouvelle » si nous ne disposons pas d’un véritable pouvoir pour contrôler les prix, pour protéger notre terre, nos ressources, notre production et nos emplois. Faire croire autre chose, c’est continuer à bercer d’illusions le peuple martiniquais. On risque de dire : « encore un plan de développement », mais les pertes d’emplois sont supérieures aux créations d’emplois, le taux de chômage des jeunes atteint un niveau record. F. Fanon parlait d’économisme : lorsque la métropole coloniale se rend compte que les gens commencent à bouger, elle fait semblant de comprendre notre situation, elle ouvre des chantiers de chômage, elle propose des mesures spectaculaires (le document parle de « décupler notre capacité d’investissement »), mais il n‘y a toujours pas de développement économique car les liens de dépendance et de domination sont toujours là.
    Quelle garantie avons-nous que le plan d’actions et de développement annoncé va réussir si nous n’avons aucun pouvoir de décision ici sur nos orientations économiques ? Combien de plans de développement a-t-on déjà écrit sur papier ? Nous ferions bien de réfléchir un peu à ce qui se passe à Saint Barthélémy. Sortir de la récession ne se décrète pas, si on ne modifie pas l’environnement économique et législatif dans lequel travaillent nos entreprises.
    Le 19 janvier 2012


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